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Stalk me on the internet

Archive: cominmag

Article publié sur le site cominmag.ch – rubrique com.stratégique (juillet-août 2010)

Je regarde Dexter en streaming, commande sur Amazon le nouveau Brian Solis déjà soldé, lis le New York Times sur mon iPad et parcours quelques flux RSS avec un agrégateur qui me permet de les partager sur Twitter. Et vous? Où et comment consommez-vous vos contenus favoris?

Pour Faris Yakob (MDC), il importe d’identifier les médias du point de vue de l’utilisateur. Pour quelle raison le consommateur choisit-il de passer du temps avec un contenu sur un média en particulier plutôt qu’un autre? Les motivations du consommateur semblent moins régies par la marque ou le message que par les bénéfices des médias dont il dispose. Payants ou gratuits peu importe. Ce n’est pas une question de coût, mais de valeur ajoutée dans l’expérience. Avec l’avènement du digital, il n’y a plus de limite : le contenu est désormais séparé de son canal de distribution, il circule sur tous les écrans.

Savoir aligner la spécificité et la qualité du contenu avec la valeur additionnelle du média utilisé, tel est le réel défi. Il ne s’agit pas d’effectuer une transposition technique du contenu existant, mais bien d’organiser celui-ci pour une expérience utilisateur enrichie, innovante, ergonomique et adaptée aussi bien aux attentes de publics exigeants qu’aux outils de lecture (ordinateur, smartphone, tablette, console, etc.). A titre d’exemple, l’application iPad du magazine Wired (sujet que j’abordais sur mon blog en mars dernier) offre une expérience si simple et ludique qu’elle renvoie ses concurrentes réviser leur copie.

La presse prend d’assault l’iPad. Oui, pour le pire et le meilleur! Avec excellence et légitimité : deux références, Wall Street Journal et NPR. Et avec de cuisants plantages: Libération, un PDF online. En Suisse, certains éditeurs n’ont pas encore compris qu’il ne sert à rien d’être le premier sur iPad si on n’est pas innovant. Un contenu exceptionnel sur papier se fait balayer en un coup de doigt par une expérience utilisateur décevante. Le lecteur décide et dispose. Hormis la bonne copie du Tages Anzeiger, les récentes applications de L’Hebdo (iPhone), Agefi, Coopzeitung, Bon à Savoir, etc. confondent inopportunément slideshow PDF et mutation de l’expérience utilisateur. En conséquence, le contenu devient indigeste.

Alors pourquoi m’abonnerais-je? Quelle est la plus-value? Ignorer ainsi les possibilités techniques de la plateforme et l’UX me laisse penser qu’on se moque des consommateurs. A moins de proposer une killer app orientée utilisateur, l’iPad n’est pas une bouée de sauvetage pour une presse en mal de nouveautés. Les technologies émergentes ne sont pas un gimmick, elles exigent un effort que ces éditeurs n’ont manifestement pas encore accompli. Etonnez-nous!

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Compléments last minute – La récente étude publiée par Pew Research sur l’évolutation des comportements de consommation des médias de 2000 à 2010 aux Etats-Unis. L’étude montre à quel point l’utilisateur considère l’information comme portable et transportable (à partager), ainsi que sa réticence à s’abonner à un service d’information payant alors que l’information transite de manière diffuse sur Internet.
Quelques chiffres: Aux USA, dans le secteur des sites de news, seul 35% des utilisateurs affirment avoir une source d’information favorite. Seuls 15% de cette tranche se déclarent prêts à payer pour obtenir le contenu de leur source favorite (7% de l’ensemble des lecteurs de sites d’actualité). Vous en conviendrez, c’est faible.

Le défi: créer de la valeur dans la chaîne de transmission. Pew Research propose deux solutions qui mériteraient une démonstration plus poussée que dans leur présentation:
– Le journalisme en tant que service – pas en tant que produit
– Un matrice des sources de revenu pour les différentes fonctions journalistiques

Article publié sur le site cominmag.ch – rubrique com.stratégique (mars 2010)

“La publicité fonctionne mieux quand elle ne dit pas aux gens quoi penser, mais leur permet de se faire leur propre opinion sur son sens”. En 1998, lorsque Jon Steel, Planning Director chez WPP, rédige ces mots, les médias sociaux n’existent pas, le téléphone mobile n’est qu’un talkie-walkie et le gif animé fait fureur sur Internet. En douze ans, les technologies et médias émergents ont révolutionné l’aire de jeu des communicateurs.

La technologie présente dans la vie quotidienne donne désormais accès au monde d’une manière complètement nouvelle. Les points de contact multiples créent des interactions sur un modèle organique. Tout est connecté. Va plus vite. Le broadcasting personnel démocratisé (blog, Facebook, Twitter, YouTube, Foursquare…) remet en question la distribution des rôles et du pouvoir. Le public n’est plus passif. Il veut son droit de parole. Dans cette polyphonie virtuelle, seules les marques capables de diffuser de la valeur peuvent pénétrer les marchés.

Observer la société à travers les médias émergents, c’est constater qu’ils miment notre fonctionnement cognitif et social et ne sont qu’un prolongement de l’individu. Ce qui nous rend sociaux, ce sont les histoires que nous racontons, les expériences que nous partageons et relayons, comme dans l’Agora de la Grèce antique. Un exemple parmi tant d’autres. L’engouement pour les médias sociaux nous rappelle que le consommateur est une personne complexe et émotionnelle, qui privilégie la relation aux choses (marques, produits, publicité) plus que les choses elles-mêmes.

Des marques telles que Pepsi avec Refresh Project lors du dernier Super Bowl ou G-Star Raw pour la NY Fashion Week trouvent là un nouvel angle d’attaque. Coca-Cola renonce aux sites promotionnels pour aller là où se trouvent déjà ses consommateurs : les espaces sociaux. Et Procter & Gamble annonce sa volonté de renforcer la présence de ses marques sur Facebook. La nouvelle valeur est dans le contexte où il faut savoir augmenter l’engagement du public.

Ce gold rush suscite les convoitises. Les plans de monétisation de ces nouveaux business models font rêver. Les marques réclament l’intégration de médias sociaux dans leur branding. Beaucoup de choses vont encore changer, mais tout le monde semble oublier une chose. Dans le domaine des médias émergents, la source de transformation passe inévitablement par l’utilisateur/consommateur. Il est temps d’aller à sa rencontre.